mardi 13 novembre 2012

Rencontre avec Régine du Charlat (2/3)



La mort humaine de Jésus
«  Jésus Christ, lui qui est de condition divine, ne retint pas le rang qui le faisait l'égal de Dieu… en devenant semblable aux homme… il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort  » (Ph 2, 6-8).
Là, tout est dit. Plus encore tout se réalise. Jésus assume sans aucun détour, sans faux semblant illusoire, la condition humaine mortelle. Comment pourrait-il en être autrement puisqu'il a épousé totalement notre humanité ? C'est son ‘obéissance', c'est-à-dire, selon l'étymologie du terme, sa capacité d'écoute de la Parole du Père. Et cette écoute le fait aller jusqu'au bout de la condition humaine, jusqu'à la mort. C'est pourquoi il nous est dit de Jésus qu'il nous aima «  jusqu'au bout  », c'est-à-dire jusqu'au consentement à la mort. «  Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que son heure était venue, l'heure de passer de ce monde au Père, lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu'à l'extrême  » (Jn 13, 1). En lui, la mort n'est pas occultée. Elle est pleinement vécue, dans la douleur mais dans l'acquiescement et l'abandon. 


Une mort ressuscitante
Ce ‘jusqu'au bout', ce consentement obéissant qui a conduit Jésus à la mort est aussi celui qui le ressuscite. «  C'est pourquoi Dieu l'a élevé  » (Ph 2, 9). ‘C'est pourquoi' : le paradoxe devient lumineux. Encore faut-il bien le comprendre et s'en laisser dévoiler le mystère, se laisser entraîner dans la logique qui fait passer Jésus de la mort à la résurrection. Ce n'est pas la mort qui est puissance de résurrection, mais le consentement à la mort. Ce n'est pas non plus une sorte de consentement passif, comme désabusé, c'est l'amour jusqu'au bout d'une vie donnée à ceux et pour ceux qu'il aime. Amour qui va jusqu'à refuser tout recours aux armes de violence utilisés par ceux qui veulent sa mort. Il ne se défend pas. Sur la croix, il va même jusqu'au pardon. Et ce pardon, peut-être dans un dernier consentement à la fragilité humaine, il demande à son Père de le donner pour lui. «  Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font » (Lc, 23, 34).
« Ressuscitante Passion », écrit Péguy. Parce que cette Passion est une Passion amoureuse, la mort est vaincue. Elle n'est pas niée, elle est même en un sens honorée, mais elle est traversée et vaincue.

 


Pastoralia (Archidiocèse de Malines – Bruxelles) n°9 – Régine du Charlat - novembre 2007, pp. 294 – 295.

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